Eh hop! au pilon
Ma première maison d'édition, Elzévir à Paris, celle qui a édité mon recueil de nouvelles (contre paiement bien sûr), vient de me signaler que si je ne rachetais pas le stock restant (soit 133 livres pour la modique somme de 1065 euros) il serait envoyé au pilon.
J'ai justement lu un article à ce sujet.
Chaque année, rien qu'en France, 100 millions de livres terminent leur carrière d'objet furtif de consommation au pilon. Ces livres finissent en cubes, des balles de papier revendues à 30 euros l'unité et renvoyées dans les pays d'Asie pour y être traitées chimiquement et revenir en Europe sous forme de cartons d'emballages.
En jetant à la poubelle le carton de pizza que vous venez de déguster, sachez que c'est un peu de littérature qui finit au bac : quelques vers d'une amoureuse des mots, un brin de rêveries champêtres d'un auteur régional, les illustrations d'un conte pour enfants, les succulentes recettes de confiture d'une grand-mère et, parfois, une ou deux pages de Balzac.
Ce qui coûte cher, c'est évidemment le stockage, comme dans n'importe laquelle des industries modernes.
Les libraires remballent 40 % de leurs livres après quelques semaines parfois pour faire place à d'autres bouquins. Pourtant certains livres ont besoin de temps pour se faire connaitre.
Cette destruction livresque massive a de quoi écoeurer les amoureux éperdus de l'ouvrage d'art. Pourquoi ne pas amener la culture dans les hôpitaux ou les prisons où elle fait cruellement défaut?
extrait de l'article "Des millions de livres livrés au pilon", Courrier de l'Escaut, septembre 2009
La citation du jour : Jamais je n'ai détruit un livre. J'ai préféré les vendre moins cher ou les offrir. (David Gianonni, éditeur)