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Des nouvelles de moi
7 octobre 2009

Escapade champêtre

Pour ceux et celles qui ont un peu de temps ...

Le post de dimanche m'a rappelé ceci :

                        Si je devais me rappeler une seule chose de mon enfance, ce serait certainement mes escapades dans la nature.  J’ai, en effet, eu la chance de grandir dans un tout petit village où les prairies n’avaient pas encore cédé la place à ces lotissements qui, par la suite, ont poussé comme des mauvaises herbes. escapade_1 Les voitures, ces monstres bruyants, polluants et dangereux se faisaient encore rares.  Aussi, pouvais-je m’échapper de ma demeure, sans inquiéter trop mes parents, pour quelques heures où plaisir et découvertes se mêlaient dans une nature encore intacte.  Mes pas me menaient immanquablement vers les marais où je capturais de malheureuses grenouilles que je ramenais chez moi.  Mon plus grand plaisir était de les regarder nager dans une bassine où ces gracieuses demoiselles me faisaient penser à des champions de brasse.  Comme je les enviais, ces amphibiens, aussi à l’aise sur terre que dans l’eau et qui n’avaient pas eu besoin de cours, contrairement à moi, pour apprendre les rudiments de la nage ! Dès le printemps, je partais à la recherche de têtards qui se retrouvaient prisonniers dans un aquarium.  Pendant plusieurs semaines, j’observais leur développement, leur façon d’évoluer, de se nourrir.  J’assistais, émerveillé, à la naissance de leurs pattes et à la disparition progressive de leur queue.  J’adorais tenir, dans mes mains menues, ces petites rainettes à quatre pattes, gardant longtemps un bout de queue.  J’en connaissais plus sur leur métamorphose et leurs mœurs que la plupart des enfants de la ville qui n’avaient de la nature que des connaissances livresques.

escapade_2Mes promenades m’amenaient souvent aussi sur le bord des rivières.  Quelle vie grouillait dans et au bord de l’eau ! Têtards, poissons, oiseaux plongeurs, rats musqués et plantes aquatiques se partageaient ce milieu de vie sous mes regards admiratifs.  Equipé d’une passoire empruntée à la cuisine, j’attrapais des épinoches qui finissaient leur vie dans «la bassine aux grenouilles ».  J’adorais les mâles et la rougeur de leur gorge ; je me piquais souvent le doigt aux épines qui leur donnent leur nom.  Un jour, j’ai découvert un nid de poissons au corps long et visqueux et aux longues moustaches. Mon père les nommait «loches » mais je n’ai jamais su s’il avait raison.  Ils ont vite rejoint les épinoches dans le seau que j’emportais pour y déposer mes proies. 

De temps en temps, une poule d’eau, plus audacieuse que les autres, s’approchait de moi.  J’étais, à chaque fois, étonné par la couleur de ses pattes si rare dans le monde animal.  Un rat musqué surgissait soudain, me faisait sursauter et faisait fuir le gallinacé.

escapade_3Tapi dans l’herbe tiède, j’observais alors le va-et-vient d’une mésange à la recherche de brindilles pour confectionner le nid qui abriterait sa progéniture, les hirondelles happant les insectes qu’elles porteraient à leurs petits piaillant dans leur nid de terre et de salive, les sittelles torchepots  grimpant sur le tronc d’un vieil arbre à la recherche d’insectes délicieux.

De retour chez moi, j’avais la chance de pouvoir observer un couple de mésanges charbonnières qui avait élu domicile dans la pompe dont on ne se servait plus, cela va sans dire, pendant les semaines où ce couple d’oiseaux enchanteurs nous honorait de sa présence.  J’étais, chaque fois, impressionné par le nombre d’œufs pondus, par le courage de la mère qui restait aussi longtemps sans bouger (moi, je n’aurais pas pu) afin de procurer aux embryons la chaleur nécessaire à leur développement.  J’attendais le jour de l’éclosion avec impatience, jetant, de plus en plus souvent, un coup d’œil par le trou de la pompe.  J’étais ensuite subjugué par les voyages incessants que faisaient les deux parents afin de subvenir aux besoins de leurs petits qui réclamaient leur pitance.  Je restais également admiratif devant ces petites boules de duvet qui, à une vitesse fulgurante, devenaient des êtres aux couleurs chatoyantes. 

Le lierre qui recouvrait le mur délabré du fond du jardin abritait, quant à lui, un couple de troglodytes mignons et, c’était pour moi, toujours un plaisir, que d’observer ces petits volatiles à la queue en l’air.

                        escapade_4L’école était aussi, pour tous les petits amoureux de la nature, un lieu d’observation car des hirondelles élisaient domicile sous le préau, à l’abri des courants d’air et de la pluie.  Ces oiseaux migrateurs qui nous quittaient à l’automne ne semblaient pas du tout dérangés par les mômes bruyants que nous étions.

            Quand venait le moment du rassemblement sur les fils électriques, avant le grand départ pour l’Afrique, venait aussi pour nous le moment tant redouté des dictées : « Hirondelle à la queue fourchue… » ou des rédactions : « Le voyage d’une hirondelle ».  Aussi, ces sympathiques volatiles nous donnaient joie et labeur.

Je peux dire aujourd’hui que, dès qu’elles avaient pris leur envol pour ces lointaines contrées, elles nous manquaient et nous attendions leur retour avec impatience.  Nous imaginions leur vol long, épuisant et dangereux au-dessus de mers infinies et nous tremblions pour elles.

escapade_5L’hiver arrivait ensuite et, c’est de la fenêtre de la cuisine, que j’observais les merles, pinsons, accenteurs mouchets , rouges-gorges et autres mésanges qui quémandaient un peu de nourriture, telle la cigale dans la fable apprise à l’école, et s’approchaient avec crainte des habitations. 

Les jours de neige, l’enfant que j’étais pensait plutôt à jouer, à créer des bonshommes, à faire de la luge ou à participer, avec les enfants du village, aux batailles de boules de neige et j’oubliais, pour quelque temps, tous ces êtres vivants qui souffraient des températures négatives de la saison.

Quand le temps était à la pluie, c’est dans le cimetière voisin que je me rendais.  Je n’ai jamais su pourquoi mais celui-ci abritait énormément d’escargots.  Je partais donc à la chasse aux gastéropodes équipé d’un seau muni d’un couvercle.  Chez moi, j’organisais des courses en faisant  glisser ces «jolis fruits de la pluie » sur les fils à linge de ma mère.  Celle-ci ne voyait pas d’un bon œil ces êtres gluants envahir notre habitation après leur «marathon » et je devais alors les replacer dans leur lieu de naissance.  Bien sûr, je gardais quelques clandestins comme animaux de compagnie.

Quand j’y pense aujourd’hui, avec le recul, enfant, j’aimais beaucoup la nature. Toutefois, je ne la respectais pas.  Mes animaux captifs finissaient toujours par périr loin de leur habitat naturel et il m’arrivait de faire fuir une oiselle, par simple curiosité, condamnant ainsi à mort sa progéniture si la mère avait été trop effrayée pour revenir dans son nid.

escapade_6Aujourd’hui, mes rapports avec la nature ont changé bien que mon amour pour elle soit resté intact.  Je suis devenu chasseur d’images et c’est uniquement armé de jumelles et d’un appareil photographique à  téléobjectif que je parcours la campagne environnante.  Un coucher de soleil, une fleur à peine éclose, un animal furtif, une toile d’araignées scintillante de rosée, quelques flocons de neige brillant sur une anémone aux pétales de satin, une fleur de givre dessinée sur une vitre, un papillon aux ailes resplendissantes suçant à l’aide de sa longue trompe le doux nectar d’une fleur des champs ou le chant d’un oiseau invisible dans le petit matin baigné de brume suffit à mon bonheur.

Les vacances m’entraînent à la découverte de paysages enchanteurs et mes albums se remplissent de souvenirs qui pourront témoigner de la beauté initiale de ce monde lorsqu’il ne restera plus que buildings et pollution et lorsque, pour voir un animal, il faudra se rendre obligatoirement dans un parc zoologique.

Car, «tous les cris, les SOS » ne parviendront sans doute pas à sauver la beauté du monde et, c’est alors un piètre héritage que nous léguerons à nos enfants.

escapade_7


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quintessence

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Commentaires
A
je vous souhaite un joyeux noel
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A
Bonjour.comment allez-vous? <br /> Très belles photos.
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P
Encore un point commun alors... j'ai été moi aussi une éleveuse et une observatrice passionnée de têtards, grenouilles, crapauds et salamandres ! Pauvres bêtes !!
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R
j'ai pris le temps de lire ,je me retrouve un peu ,avec mes frères et mes voisins ,on partait à la découverte des choses , chaque saison avait son lot de surprises..,ce que je n'aimais pas , c'était les lances-pierres des garçons qui tuaient les petits oiseaux..au printemps j'aimais entendre le chant des oiseaux ,regarder éclore les fleurs ,la nature se parer de vert printemps ,nous galopions à travers la campagne ,on avait pas tout ce que les jeunes ont aujourd'hui, mais finalement je crois ,que nous étions plus heureux...des souvenirs plein la tête ,c'est bon d'y penser quand on arrive à l'automne de sa vie...la nature jai appris à mes enfants à l'aimer et ils sont comme moi ...mais je crois que maintenant je l'apprécie encore plus ,le moindre détail m'interpelle , j'ai appris énormément en observant ..
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A
Merci pour ton texte plein de poésie, j'ai tout lu, même les commentaires sont magnifiques :o) Pour parler un peu de quelque chose qui m'a fait de la peine étant enfant, je ne dis pas merci à Pierre Perret. J'habitais à la campagne et une de mes voisines avait une cage dehors avec des canaris. C'était l'époque de la chanson "ouvrez, ouvrez la cage aux oiseaux ". En allant à l'école j'ai ouvert et le midi en rentrant chez moi, il y avait des plumes jaunes sur le sol. J'avais dix ans et je ne savais pas que ces oiseaux ne s'envoleraient pas... :o(
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