Inspiration aquarelle
Connaissez-vous Florence? Non, pas la ville, Florence Carcelle. J'ai découvert son blog grâce à Vincent, le Petit Belge.
Florence est une artiste, elle réalise (ou réalisait) de magnifiques aquarelles, des huiles, des dessins au crayon, à la sanguine,.... Aujourd'hui, après des problèmes de santé, elle fait de jolis montages de photos sur son ordinateur.
Une de ses aquarelles m'a inspiré le texte que vous allez trouver ci-dessous. Je lui ai emprunté ladite aquarelle pour illustrer mon texte, j'espère qu'elle ne m'en voudra pas. Cette peinture vous donnera peut-être l'envie de visiter son blog.
Chaque jour, elle était là, à regarder la mer. Elle apparaissait chaque matin, dès l'aurore. Ses pas lents et fatigués la menaient jusqu'au bord de l'eau. Elle enlevait alors ses chaussures (toujours les mêmes) et les tenait à la main.
Quand la mer reculait, elle avançait. Quand la mer avançait, elle reculait.
Elle laissait juste quelques vagues lui lécher les pieds et les mollets, jamais plus haut. Ça faisait des années qu'elle venait là à l'aurore, planter son regard dans l'horizon.
Je l'ai connue parce que, chaque matin, je faisais mon footing sur la plage. Et la seule personne que je rencontrais été comme hiver, c'était elle : l'été dans sa robe à fleurs rouges et blanches, l'hiver dans son manteau rapiécé.
Je passais derrière elle sans qu'elle me remarque. Je lui lançais un joyeux "bonjour" qui allait se perdre dans les vagues déferlantes.
Qui était elle? Je n'en ai aucune idée. Qu'attendait-elle sur la plage, là, des heures durant? Le retour d'un amant perdu en mer? Un fils parti pour une destination inconnue? Un bateau qui jamais ne pointait à l'horizon? Je n'ai aucune réponse à ces questions; je n'ai jamais su ...
Où habitait-elle? Avec qui? Je n'en sais rien car je ne me suis jamais vraiment intéressé à elle et, aujourd'hui, je le regrette.
Pourtant, nous avons vieilli ensemble. Son dos s'est voûté, mes jambes ont perdu de leur force. J'ai remplacé le footing par une marche rapide puis de plus en plus lente.
Souvent, j'ai eu envie de lui parler mais j'ai toujours remis notre rencontre au lendemain. J'étais impressionné par son attitude.
Mais voilà, un de ces lendemains, elle n'était plus là. Dieu que la plage était déserte sans elle ! Je ne m'étais pas rendu compte que sa présence muette remplissait tout l'espace.
Aujourd'hui, j'ai remplacé mes jambes par un fauteuil roulant. Je vis dans la maison de retraite située au bord de la plage. Et, chaque matin, dès l'aurore, une infirmière me conduit sur la plage, juste au bord de l'eau et je regarde l'horizon. J'observe la mer, j'observe les nuages. Et quelquefois, un nuage rose me renvoie une image : celle d'une vieille dame au visage buriné par l'air du large, le regard perdu vers un autre horizon.
Quand la mer recule, j'avance. Quand la mer avance, je recule ...
FIN
Et voilà, il n'y a plus qu'à aller faire un petit coucou à Florence. Ne l'oubliez pas !
La citation du jour : Maman, tu sais les bisous, ça change la vie. (Elias, 3 ans)
Petit ajout : aujourd'hui le haïku de Monelle, merci à toi.
Vagues sur le sable
Mouettes qui m'accompagnent
C'est le bonheur !
Et celui d'Arlette :
Le soleil nous boude
La pluie attriste nos jours
Mais les
enfants jouent
C'est marrant quand même, il suffit de dire que je suis fâché et ça vient !