Ecrire un roman
Pourquoi j'écris? Je ne me suis jamais vraiment posé la question. Parce que j'aime ça, c'est tout!
Oui, mais pourquoi? Pour faire vivre mes personnages. Est-ce une bonne réponse?
Deux livres m'ont fait réfléchir à la question :
Un petit bouquin facile et agréable à lire...
Anne, 46 ans, est assise à une table, sous une véranda. Devant elle, un cahier, genre écolier. Elle écrit, rature, rêvasse. C'est l'été. On voit, derrière les grands vitrages, les allées d'un jardin où jouent ses neveux, Tom, 6 ans, et sa sœur Léa, 9 ans. Puis arrive Adrien, 15 ans, leur frère...
Tom : Qu'est-ce que tu fais? Tu dessines?
Anne : Non, Je raconte une histoire.
Tom : Mais j'entends rien!
Anne : Je la raconte dans ma tête.
Tom : Tu nous la raconteras?
Anne : Non.
Tom : Pourquoi? C'est pas pour nous?
Anne : Si, mais elle n'est pas faite pour ça. Elle est faite pour être lue.
Ainsi commence le dialogue entre Anne, romancière et ses neveux qui l'interrogent sur l'écriture. L'âge différent des enfants fait que les réponses seront différentes, simples pour les petits, plus philosophiques pour l'aîné.
Ce livre est agréablement illustré, des phrases clés apparaissent en couleur, des citations sont intercalées, des définitions de mots ou des indications sur des écrivains sont ajoutées dans la marge,... Un livre pas courant dans sa conception.
Voici quelques passages que j'ai mis au fluo et qui me parlent:
- Quand je commence à raconter l'histoire d'une personne, je ne sais pas grand-chose sur elle. (Je dirais même que je ne sais rien du tout !)
- Un personnage, c'est une personne qui est vivante mais qui n'existe pas. ( Elle est vivante dans ma tête puis disparait lorsque j'ai raconté son histoire. Ouf!)
- Chaque fois que je commence une histoire , je vois très nettement le personnage, comme s'il était devant moi. (Plutôt que le physique, c'est son caractère, ses sentiments et ses tourments qui s'imposent à moi.)
- Une histoire qu'on invente , quand on est en train de l'écrire, on ne peut jamais savoir exactement à l'avance où elle va, sinon elle serait déjà écrite. (Les événements s'imposent et je ne peux pas les changer. Je ne sais pas comment l'histoire finira. Mal, chez moi, la plupart du temps. La vie n'est pas faite que de roses!)
- Je construis toute une histoire, avec des bouts de vrai, mais au total c'est faux, c'est de la fiction. ( Ca reste une histoire!)
- Quand on invente, on est libre, on utilise son imagination, et on dit au lecteur : vas-y, toi aussi, fais marcher ton imagination. (J'aime les histoires qui ne sont pas tout à fait finies, où on laisse le lecteur imaginer une fin ... heureuse ou pas.)
- Toutes les histoires que racontent les écrivains sont autobiographiques, en un sens. Même si ça n'est pas toute leur vie qu'ils racontent. Je veux dire qu'on se sert de tout pour écrire un roman, et donc de soi-même. (Je pense qu'on met effectivement de soi dans un personnage mais n'exagérons rien. Je ne suis pas aussi tordu que mes personnages!)
- Ce n'est pas moi qui les trouve, mes histoires, ce sont elles qui me trouvent. Je ne peux absolument pas dire d'où ça vient. (J'adhère complètement. Les personnages me soufflent leur histoire!)
Et je termine, parce que je me fais long, avec ceci :
- Ce qui est bien, quand tu lis un livre, c'est ce que tu imagines, toi, dans ton coin, sans que personne ne voit ce que tu éprouves, ce que tu ressens, ce que tu penses. Personne n'est obligé de savoir ce que tu lis, ni même que tu es en train de lire! C'est la liberté absolue! Tu as des mots devant toi, et toi seul, tu as le pouvoir de les transformer en images, en sentiments!
Quand tu te sens seul, tu n'as qu'à prendre un livre. Parce que là, tu peux me croire, tu n'es plus seul! Ça entre chez toi, ça déboule, tu n'en reviens pas.
Mais finalement, Danièle Sallenave ne répond pas à sa question : "Pourquoi écrit-on des romans?"
Alors j'ajouterai encore ces mots :
- On écrit parce qu'on veut comprendre ce qui se passe dans sa vie. On écrit des histoires inventées pour y voir plus clair dans les histoires vraies.
Je vous avais parlé de deux livres sur le sujet mais je vous ai retenu assez (merci à ceux qui ont lu jusqu'ici). Je vous présenterai le deuxième demain ... si vous revenez me voir.
La citation du jour : Il y a quelque part un livre qui est fait pour toi. ( Danièle Sallenave)